Franck DUMAS : « Remettre la machine en route… »

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Franck DUMAS : « Remettre la machine en route… »

14 septembre 2021

On lui a laissé le temps de s’installer, de prendre ses marques. De se faire une première opinion, sur le pays, le club, les gens. Ensuite est venu le temps d’aller plus loin avec le nouveau coach du TPM. C’est autour de la piscine du Novotel Hôtel de Mohammedia au Maroc le jeudi 9 septembre de 19h00 à 20h15 que nous avons retrouvé un Franck DUMAS déjà très investi dans sa fonction. Un entraîneur qui parle vrai, utilisant son expérience et aussi ses souvenirs de joueur, sous le maillot de l’AS Monaco par exemple. Un joueur dont son coach Arsène WENGER disait « il est très intelligent »… Interview en trois volets. Voici le premier.

Qui est Franck DUMAS ?

Un habitant de la terre (long sourire)… J’ai un passeport français et je suis un voyageur. J’aime les gens, j’aime connaître et découvrir. Ça a toujours été en moi, c’est un héritage que j’ai transmis à mes enfants. J’apprécie les nouvelles rencontres et les nouveaux challenges. C’est un peu ça Franck DUMAS, toujours attiré par la difficulté et non la facilité.  

Avec la COVID-19, ça a été compliqué de voyager. J’habite en Asie, en début d’année j’étais bloqué en Algérie, ensuite j’étais en France pour voir mes enfants, enfin je suis venu directement au Congo sans repasser chez moi.

Connaissiez-vous le TP Mazembe avant de l’affronter avec Belouizdad ?

Non, pas du tout. Ma réponse est honnête. Laissez-moi vous racontez une petite anecdote pour comprendre mon point de vue. J’ai entraîné le club marocain du Maghreb de Fès, je suis arrivé au Maroc et on devait affronter le WAC deux jours après. J’ai posé la question dans le bus qui nous amenait à Casablanca, est-ce que le WAC est une bonne équipe ? (Sourire)

Quand on a eu le résultat du tirage au sort avec Belouizdad, en Algérie les gens ont tremblé sauf moi parce que je ne connaissais pas le TPM. Les Algériens ont vanté le TPM, disant combien il est grand. Je me suis amusé en regardant des vidéos sur internet, je suis arrivé à la conclusion que c’était une bonne équipe mais pas une grande équipe. Voilà ce que j’ai dit à mes joueurs de Belouizdad.

Quand j’ai dit que ce n’est pas une grande équipe, il faut mesurer mes propos parce que c’était un moyen d’enlever la pression chez mes joueurs. Lorsque vous parlez d’un adversaire, si vous commencez à le mettre sur un piédestal, ça rajoute une pression aux joueurs. Il faut justement le respecter sans le craindre. Mais je savais que Mazembe avait une très bonne équipe.

Comment définissez-vous votre mission, vos objectifs ?

La mission, dans un premier temps c’était la découverte, le contact avec tout le monde du club, entre autre le président et ses collaborateurs ainsi que les membres du staff. On a discuté et c’était très bien. Ensuite il fallait découvrir les joueurs, mettre en place un mode de travail, des règles de vie comme on l’a fait en stage au Maroc.

J’ai discuté avec le président, on aura un autre échange après le stage pour voir un peu les objectifs. J’avais cette sensation de déjà les connaître avant de les demander. On va faire un point sur les joueurs et la qualité du groupe. N’oublions pas que cette année le club a décidé de miser sur les locaux. C’est une stratégie comme une autre, elle est louable et noble.

Le stage nous a servi à mettre en place la tactique, on a travaillé tous les jours sur ça. Comment être plus performant et se mettre moins en danger. Il y a les internationaux qui n’étaient pas avec nous au Maroc, c’était compliqué de faire un stage sans avoir une équipe complète. On s’adapte et aujourd’hui, je peux dire que sur le plan comportemental et sur le travail, ça bosse bien. Je suis content et j’espère que ça va continuer comme ça.

Avez-vous déjà une idée sur l’effectif pendant le stage ?

On a eu des séances très dures, on a répété des choses, quand ça ne marche pas bien, on crie puis on se parle. C’est un sport collectif, qui dit ça parle d’échange entre partenaires. S’encourager et s’engueuler quand il le faut. Dans la vie de tous les jours, on a des émotions et des sentiments, sur un terrain il faut les exprimer. On n’est pas une équipe de morts, je ne veux pas un cimetière sur le terrain. Il faut que ça parle et que ça vive sur le terrain et en dehors.

Vos joueurs mesurent-ils votre mission ?

Le TPM est une machine, il faut la remettre en route. Un grain de sable peut enrayer la machine. L’objectif est que chaque joueur faisant partie de cette machine a le devoir d’apporter quelque chose de positif. Je m’appuie sur un groupe, pas seulement sur 11 joueurs pour le match, l’objectif est d’avoir un groupe plus élargi avec des joueurs compétitifs. Ce qui fera de cette machine, une vraie machine à gagner ; ne pas gagner n’importe comment non plus. Il faut donner aux joueurs les stratégies et les solutions défensives et offensives.

Au Maroc, on a rencontré de belles équipes, sur le plan de jeu c’était des équipes structurées. C’est sur ce point que nous travaillons. Par exemple, expliquer aux joueurs comment être le moins possible en danger et comment le plus possible créer du danger dans le camp de l’adversaire.

Le club est dans une phase de transition alors que les fanatiques continuent à rêver d’un titre de champion d’Afrique, ça ne vous fait pas peur ?

C’est un peu comme à l’époque de Saint Etienne en France. Tout ce que le TPM a connu, on ne pourra jamais le lui enlever, le temps passe et il faut maintenant écrire une nouvelle page d’histoire avec de nouveaux joueurs. Les supporteurs doivent savoir qu’ils existent des cycles, vous pouvez avoir des bons moments et tout d’un coup ça disparait. Il faut retravailler et savoir pourquoi ça a disparu. C’est ce que le club est en train de faire, il rebooste de l’intérieur. Je trouve que c’est une très bonne chose. Après, il faut de la patience.

Permettez-moi de revenir trois ans en arrière lorsque j’ai signé avec la Jeunesse Sportive de Kabylie, il y avait du potentiel comme au TPM mais peu d’expérience. On avait des anciens et des nouveaux jeunes qui avaient un gros potentiel, on a travaillé assez dur pendant deux mois et on avait bien terminé. J’ai l’impression de revivre le même schéma. Ça ne me fait pas peur mais bien au contraire c’est un gros travail de fond. Je travaille avec mes collaborateurs du staff, avec un tableau dans ma chambre on essaye d’expliquer et de faire comprendre aux joueurs les rôles à chaque poste défensivement et offensivement.

Qu’est-ce qui vous convaincu de signer au TPM ?

Après avoir rencontré le TPM, j’ai su qui était le TPM. Ça n’a jamais changé, c’est une forme de respect. Quand vous rencontrez un club qui a une histoire, c’est que derrière il y a une structure, il y a des gens qui ont fait des sacrifices et investissent, tout un peuple est derrière ce club. Avec ça, il faut le respecter et croyez-moi, je le respecte énormément. Quand vous mettez le TPM sur la table des meilleurs du continent, il n’est pas en bas de la liste, il faut le chercher en haut.

Quand vous avez le TPM qui vous appelle, si ça ne vous dérange pas d’entraîner en Afrique, vous venez vite fait. Et moi, ça ne me dérange pas. J’étais honoré en ayant le président au téléphone. On a parlé et ça s’est bien passé, je ne pouvais qu’être ravi. Je découvre la mentalité congolaise, les gens qui sont proches et adorent le club.

Même à l’intérieur, dans mon staff, il y a des supporteurs du TPM, c’est exceptionnel. Il faut bosser par rapport à ça. Je demande aux supporteurs, quoi qui se passe, d’être patients. J’ai parlé de cycle, on est vraiment là-dedans. On a du potentiel, il n’y a pas de souci, laissez-nous juste formater l’équipe. La matière première, les joueurs, est bonne ; à nous de la pétrir.

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